Bruno Reidal

Confession d'un meurtrier

De Vincent Le Port
Avec Dimitri Doré, Jean-Luc Vincent, Roman Villedieu
Prix d’interprétation masculine (Festival Premiers Plans – Angers 2022) / Sélection officielle Semaine de la Critique (Cannes 2021)
France - 2020
1h41
drame, historique
VF
diffusion : 2022
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1er septembre 1905. Dans le Cantal, un séminariste de 17 ans est arrêté pour le meurtre sanglant d’un enfant de 12 ans. En prison, pour tenter de comprendre son geste, le professeur Lacassagne, médecin légiste et fondateur de la criminologie moderne, lui demande de coucher par écrit sa vie depuis son enfance jusqu’au jour du crime. Bruno Reidal livre alors un récit fascinant, tant par le fond que par la forme.

Le lundi 11 avril à 20h30, séance en présence du réalisateur Vincent Le Port.
TARIFS SÉANCE 11 AVRIL : 5,50 € / 4 € (TARIFS RÉDUITS)

Critiques

  • Petit corps raide, Bruno confond depuis sa tendre enfance Eros et Thanatos, préfère les lacérations aux caresses, la torture aux préliminaires. Fatal débat du mal inné qui agite tous les profilers du monde, et dont on peut trouver des éléments de réponse ai fil de ce portrait écrit de l’intérieur. L’horreur et la beauté oblique de cette confession, c’est bien entendu son aspect inexorable et son balet de pulsions décortiquées jusqu’à l’épuisement. […] Et l’autre bras droit de l’affaire, c’est aussi le tout jeune Dimitri Doré, qui est passé pour le rôle du jour à la nuit la plus totale, comme si un personnage de Jean Genet s’était laissé draguer par les ténèbres de Georges Bataille. Difficile de ne pas être repu par cette double révélation : voilà un premier film qu’on n’est pas prêt d’oublier. www.chaosreign.fr/

  • Au croisement de Bresson et de Haneke, Bruno Reidal signe les débuts d’un cinéaste d’exception, sachant donner une existence tangible et crédible à un monde social ancien, filmant au cordeau avec une perception aigue de la puissance expressive (le personnage principal est interprété à trois âges par Dimitri Doré, Alex Fanguin et Roman Villedieu), et estompant l’austérité du récit en rythmant parfaitement un déroulé narratif entremêlant flashbacks, voix off et interrogatoires. Le sujet en rebutera sans doute certains, mais Vincent Le Port en délivre une telle analyse cinématographique clinique que l’admiration l’emporte aisément sur le malaise ambiant. cineuropa.org

  • En explorant l’enfance, la famille, l’instruction et la lutte contre les pulsions de Bruno se dessinent aussi en filigrane le portrait d’une époque faite de contraintes et de soumissions. L’éducation religieuse lui instaure des bases et des limites à sa vie. Quand il parle de son envie de lutter, d’être bon, la religion a une place centrale. C’est grâce à elle dans un premier temps qu’il combat ses pulsions sexuelles et meurtrières. Mais c’est également à cause d’elle qu’il pense que tuer une fois est moins dangereux pour le salut de son âme que de se masturber tous les jours. Le suicide auquel il songe régulièrement pour s’empêcher de souffrir lui semble aussi une option envisageable, mais là encore condamnable. Il est prisonnier d’un corps et d’une époque qui l’entravent. Bruno Reidal est un film passionnant et puissant sur un jeune homme qui a lutté toute sa vie contre son instinct meurtrier. […] Cette première œuvre de Vincent Le Port explore l’âme humaine avec pertinence et justesse. https://cinephantasmagory.com/2021/09/09/critique-bruno-reidal/

  • L’histoire est vraie et a défrayé en son temps la chronique du Cantal et d’ailleurs. Pile soixante-dix ans auparavant, le normand Pierre Rivière, son frère d’â(r)me, avait lui égorgé sa mère, sa sœur et son frère à coup de serpe. Reidal se retrouve alors devant juges et surtout médecins, qui lui demandent de réfléchir à son acte et, pour l’aider à trouver la lumière, de coucher son histoire par écrit. L’exercice va dépasser l’entendement. Car Bruno Reidal est certes un monstre mais aussi un esprit supérieur, un écrivain né. Sa prose démontre une lucidité extrême. Si Pierre Rivière est devenu un cas d’école grâce à Foucault et son séminaire au Collège de France puis au film de René Allio, Bruno Reidal, lui, a disparu de la mémoire collective. Vincent Le Port le ressuscite aujourd’hui. […] Le corps frêle et fragile de Reidal avance dans un flashback tel un pantin prisonnier de tout : cadre, décor, pensée, corps. Alors, il baisse la tête comme un ange blessé. Qu’est-ce qui se passe dans sa tête ? Les frustrations ne sont pas tant sociales que psychologiques et physiques. L’homme-enfant se masturbe frénétiquement. Pour quelqu’un qui rêve de Dieu, c’est du blasphème. Il faut se reprendre. Voici donc l’histoire d’un impossible renoncement. Découvert à la Semaine de la Critique, ce Bruno Reidal a autant frappé les esprits par la grâce de sa mise en scène que son oppressante brutalité. www.premiere.fr