12 YEARS A SLAVE
Les États-Unis, quelques années avant la guerre de Sécession. Solomon Northup, jeune homme noir originaire de l’État de New York, est enlevé et vendu comme esclave. Face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité. Douze ans plus tard, il va croiser un abolitionniste canadien et cette rencontre va changer sa vie…
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.
Prix :
Oscar du Meilleur film, de la Meilleure actrice dans un second rôle, du Meilleur scénario adapté (2014) / Meilleur film dramatique (Golden Globes 2014) / Meilleur film, meilleur acteur (BAFTA Awards 2014)…
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Critiques
Tout comme Darren Aronosky, il est un cinéaste qui a acquis une notoriété fulgurante en filmant les corps brisés. Ceux des prisonniers politiques de l’IRA dans Hunger (2008), amaigris par une grève de la faim, avilis, percés d’os. Celui d’un accroc au sexe dans Shame (2001), trentenaire new-yorkais se frottant aux proies charnelles jusqu’à la déchirure mentale et physique. (…) Dans ce troisième boulet de canon, il dresse le portrait, d’après ses propres mémoires, de Solomon Northup, un afro-américain virtuose du violon kidnappé et réduit à l’esclavage. (…) www.metronews.fr
Savoir que cette histoire vraie dure une douzaine d’années et que Solomon Northup s’en sort vivant et à nouveau libre - puisqu’il a publié son histoire en 1853 -, permet de garder dès le départ un soulagement intérieur nécessaire à la vision complète du film. Quand Steve McQueen a décidé de s’atteler à la réalisation d’un film sur l’esclavage, c’était clair que ce serait sans compromis, sans adoucir les angles, sans détourner les yeux. (…) Avec ce (seulement !) troisième long métrage, Steve McQueen s’impose définitivement comme un réalisateur au travail impeccable et dont les thèmes sont récurrents. Après Hunger et Shame, on retrouve à nouveau celui de l’emprisonnement et la force de se battre contre celui-ci, ainsi que celui du pouvoir du corps et de l’esprit (en particulier des croyances, comme ici Epps qui interprète la Bible à sa convenance). La caméra, elle, est toujours proche des corps, qu’ils soit décharnés, sexués ou violentés, mais jamais dans une approche glauque ou crasse. (…) À chaque présentation en festival (Telluride puis Toronto, New-York et Philadelphie), les standing ovations, les tweets de spectateurs - parfois célèbres - bouleversés et en larmes à la sortie, et les critiques dithyrambiques ont déferlé. S’il n’a fait aucune concession, McQueen l’ancien artiste visuel a cela dit réussi à déguiser son film d’un faux académisme : photo et palette de couleurs très travaillées, réalisation on ne peut plus soignée, musique, signée Hans Zimmer, qui colle au plus près des images, acteurs connus plus pour leur talent que pour leur renommée (à part Brad Pitt, producteur du film, qui s’offre le meilleur rôle le temps de deux scènes). www.filmdeculte.com
Pour la première fois, après Hunger et Shame, deux films contemporains, Steve McQueen se penche sur le cinéma historique. (…) Et le résultat est à la hauteur de l’incroyable ambition, celle consistant à rechercher coûte que coûte un dispositif de mise en scène permettant de filmer l’infilmable. Ou par la beauté, filmer la laideur et le mal absolus. (…) Toutefois, Steve McQueen ne cherche pas ici à provoquer un électrochoc moralisateur ou quoi que ce soit dans le genre, tout comme il ne braque pas un flingue sur la tempe de son public pour lui mettre le nez dans sa fange. Le fait qu’il raconte et adapte l’expérience de Solomon Northup, et non qu’il fasse un grand film sur l’esclavage de façon plus générale, est par ailleurs symptomatique de son point de vue et de son dispositif. Il ne cherche à assommer personne car il articule son récit et sa démonstration autour de l’espoir, concept d’autant plus fort qu’il s’agit d’une histoire vraie. Alors bien évidemment qu’il condamne l’esclavagisme, comme peu ont osé le faire jusque là, mais derrière le grand sujet se développe surtout une nouvelle analyse du caractère si complexe de l’être humain face à l’emprisonnement. Une constante chez Steve McQueen, ses personnages sont toujours des prisonniers et il les filme dans une sorte de parcours initiatique pour accepter leur condition, ou s’élever contre elle. www.filmosphere.com