The servant

De Joseph Losey
Dirk Bogarde, Sarah Miles, James Fox
Royaume-Uni - 1963
1h55
drame
VOST
diffusion : 2015
P

À Londres, Tony, un aristocrate jeune et brillant vivant dans une luxueuse demeure du XVIIIe siècle engage Hugo Barrett comme domestique. Ce dernier se révèle être un valet modèle, travailleur et intelligent. Mais Susan, la fiancée de Tony, n'apprécie pas le comportement de Barrett, lui trouvant quelque chose de malsain...

Dans le cadre du 1er Festival Play it again.

Critiques

  • The Servant est un chef d’oeuvre du thriller domestique, trouble, ambigu, subversif, dans son attachement à suggérer un rapport homosexuel, voire sadomasochiste, au début des années 60, entre un bourgeois et son valet fraîchement employé. Joseph Losey conçoit son film comme une authentique diatribe contre le système de classes, mises à mal dans le rapport subverti entre le jeune bourgeois décadent (James Fox, vraie révélation) et son valet charismatique mais malveillant. (…) Magnifique ombre qui plane avec classe et mystère sur le bonheur conjugal du jeune couple, Bogarde, future star de Visconti dans Les Damnés et Mort à Venise, est consacrée dans ce rôle, étoile éternelle du 7e Art. Son personnage en fait de lui une icone éternelle qui a su traverser les époques, avec un pouvoir de fascination (son rôle nocif dans Portier de nuit de Liliana Caviani) immuable. www.avoir-alire.com

  • Un parfum de soufre a fait la célébrité de The Servant. N'y voyait-on pas deux hommes pris au piège d'une relation vaguement sadomasochiste et même légèrement homosexuelle ? Un trouble indiscutable régit les relations de Tony, jeune lord anglais, et de Barrett, l'homme qu'il engage comme serviteur, mais dont il va peu à peu devenir le pantin. L'esclave cache un maître, et vice versa. Le film se révèle heureusement plus mystérieux. On y reconnaît aujourd'hui une brillante illustration de l'univers de Pinter, dont ce fut le premier scénario. Chargé d'adapter une nouvelle de Robin Maugham, il en fit son miel : au lieu d'accentuer les rapports de force, il les dilua dans une banalité chargée de dangerosité, registre où il excellait. Si le servant prend le pouvoir, c'est loin d'être une conclusion pour Pinter, qui ne s'en tient pas à un jeu de rôles. Il entraîne ses personnages vers ce qu'ils ont à la fois de plus inconséquent, de plus fragile et de plus obscur. Une sorte de barbarie où l'on badine avec la vie. Sur cette partition, Joseph Losey a fait un travail de mise en scène admirable. Au diapason de Pinter, sa caméra arrondit les angles au lieu de les souligner, toute en fluidité, en élégance. Elle ne fait que pointer, en jouant sur les reflets d'un miroir de sorcière accroché au mur, la frontière du fantastique, dans cet univers qui semble en proie à un sortilège. Soutenu par des acteurs d'une absolue finesse, le film reste ainsi ouvert à toutes les interprétations. Des plus simples aux plus complexes. television.telerama.fr